L’avant-projet de loi sur la réforme du droit du travail porté par Myriam El Khomri n’a pas été déposé sur le bureau de l’Assemblée.

Il n’a pas pas été examiné en commission et aucun amendement n’a encore été écrit, ni même imaginé.

Il n’a pas encore été examiné par le Conseil d’Etat.

En fait, il n’a même pas encore été présenté en conseil des ministres…

Mais déjà, tout ce que la gauche compte de “défenseurs réflexes du dogme” tirent à vue.

Tel camarade député déclare qu’il aura « du mal à voter ce texte dans l’état« , tel autre dénonce un grand retour au XIXeme siècle quand certains n’hésitent pas à faire de savants calculs pour déclarer que les heures supplémentaires seront désormais moins bien payées en France qu’en Chine !

Sans compter les “pros des réseaux” qui dégainent leur site pétition plus vite que leur ombre…

Un texte dézingué avant même d’être discuté !

 

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« mobilisez vous, mobilisez vous, et surtout cliquez ici… » – la démocratie à 2 clics ?

 

Notre société de l’instant fait clairement perdre la raison et je conseillerais volontiers à certains responsables médiatico-politiques de ralentir un peu.

Tournez sept fois vos pouces avant de twitter !

Pour peu que la parole présidentielle ait encore un sens, rappelons ici simplement les déclarations de François Hollande : “On ne touche ni aux 35 heures, ni au smic, ni au contrat de travail, on apporte de la souplesse aux entreprises et de la sécurité aux salariés en donnant plus de place à la négociation collective”.

La ligne semble claire, le propos raisonnable, l’ambition atteignable.

La délibération collective des représentants de la nation devrait permettre de discuter d’un projet de loi, de l’améliorer, de trouver un point d’équilibre.

Mais non. Les réactions excessives de cette fin de semaine sur cette question risquent d’avoir pour conséquence de rendre tout débat impossible.

L’immobilisme comme ultime ambition ?

Le monde bouge, ne pas l’accepter et rester immobile serait une faute politique.

Doit on sacraliser notre code du travail qui protège parfaitement les heureux bénéficiaires de CDI en rejetant toujours plus dans la précarité les outsiders?

Doit-on fermer les yeux sur une jurisprudence prud’hommales devenue folle qui conduit chaque année à voir le nombre de ruptures conventionnelles – dont le coût est pour une large part socialisé – exploser ?

Doit-on continuer à considérer que l’emploi est notre totem indépassable alors qu’il n’est que la conséquence de la croissance ?

C’est aux parlementaires que ces questions importantes seront posées, C’est eux et eux seuls qui sont légitimes pour décider.

Et de grâce, laissez-nous le temps et le calme pour y répondre dans l’intérêt de tous.