Le journal Prospective Rh¨ne-Alpes m’a demandé un avis sur le projet d’autoroute entre Lyon et Saint-Etienne, l’A45. Voici le texte que j’ai transmis.

Voilà plus de 40 ans que les stéphanois et les lyonnais constatent que la liaison routière entre leurs deux villes est malaisée, saturée et dangereuse. Une solution pour pallier ce problème passe par la construction d’une nouvelle autoroute. Après de très nombreuses études, l’A45 est déclarée d’utilité publique en 2008 et, en juin 2017, le Conseil d’Etat  rend un avis favorable au projet de contrat de concession. Compte tenu des moyens actuels des finances publiques, le coût de cet équipement sera en effet partagé par le concessionnaire et la puissance publique ; ce sont les usagers plus que les contribuables qui le financeront.

Certains aujourd’hui font planer le doute sur le calendrier – voire sur la réalisation pure et simple – de cet équipement. Profitant de la tenue des Etats généraux de la mobilité durable et arguant du fait qu’une des thématiques de cette consultation a pour objet la transition énergétique et la santé publique, les opposants à cet équipement – qui sont souvent ses possibles riverains –  demandent que soit à nouveau reportée la mise en oeuvre d’un chantier pourtant décidé.

Outre l’argument recevable de la protection des terres agricoles, l’apparition dans le débat des nouveaux modes de transports rapides serait selon les détracteurs de l’A45 une bonne raison de reprendre les études à zéro.

Je ne crois pas qu’il soit sérieux d’agiter des hypothèses de modes de transport expérimentaux pour retarder encore la réalisation de cette autoroute. Soyons sérieux, Saint-Etienne n’est pas Los Angeles et l’hyperloop ne verra jamais le jour dans le le pays de Jarez ! Ceux qui demandent encore des études, encore des analyses, encore des concertations ne cherchent en fait qu’à gagner encore des décennies de tergiversations.

Les conséquences d’un énième retard à l’ouverture de l’A45 seraient sans doute marginales pour l’agglomération lyonnaise qui bénéficie pour son développement économique à plein de l’effet métropole. Elles seraient en revanche catastrophiques pour Saint-Etienne et pour la Loire, pour qui un accès sûr et rapide à l’agglomération lyonnaise est vital. La prise en compte des externalités négatives d’une autoroute est bien évidemment indispensable, mais la reconnaissance de ses conséquences positives sur le développement économique d’une région est aussi le signe d’une solidarité entre territoires bien comprise.

Si le gouvernement à raison de se poser la question de la programmation dans le temps de la réalisation de plusieurs projets de grandes infrastructures, il ne faut pas que cette orientation stratégique conduise à la remise en cause de l’A45 dont le financement global est acquis et la participation de l’Etat bien moindre que  celle de projets qui sont actuellement mis en cause.