Le président de la République s’est exprimé cette semaine sur le projet de rendre obligatoire une période de service national pour les jeunes Français.

J’ai depuis de nombreuses années eu l’occasion de réfléchir à cette question, que ce soit en tant que responsable de la fédération Léo Lagrange qu’en tant que député.

Dès en 2002, nous avions, avec un certain nombre de proches qui réfléchissaient sur la jeunesse, imaginé qu’il faille créer un service national républicain obligatoire pour tous les jeunes Français.
Nous pensions que celui-ci devrait permettre aux jeunes de vivre concrètement l’expérience d’un service rendu à la Nation, de partager l’expérience de l’intérêt général et de contribuer concrètement au projet et à l’œuvre républicaine.

Nous avions même poursuivi notre réflexion en imaginant que ce service national soit constitué de deux périodes.

Une première période d’un mois d’internat, car cette forme est la seule qui permette un vrai brassage social mais aussi une vie collective, structurée, collectivement organisée dont on sait les vertus en terme de cohésion sociale et d’ouverture aux autres.

Cette période d’internat pouvait permettre, par le respect de certains rites républicains, de se familiariser concrètement avec le service de la Nation. Cette étape enfin donnait le temps nécessaire pour former et sensibiliser les jeunes aux missions de la défense nationale, à celles de l’Etat, et aussi pour permettre une une évaluation tant en terme de santé que du niveau initial de formation.

Une seconde période, continue ou discontinue, aurait consisté à accomplir une mission d’intérêt général dans les services de l’Etat, au sein d’une collectivité territoriale, d’une entreprise de l’économie sociale, d’une entreprise publique…

Les fonctionnaires et personnels des entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire forment chaque années à eux seuls 8 millions de salariés. 10 % d’entre eux suffiraient donc à fournir le tutorat nécessaire pour accueillir les jeunes en service national.

Nous avions même imaginé que la Nation puissent s’appuyer sur les Associations de Jeunesse et d’Education Populaire qui pour contribuer à l’encadrement des périodes d’internat (elles savent faire !), et à la formation des tuteurs (elles forment aujourd’hui les encadrants des jeunes en vacances collectives !).

Toutes ces réflexions étaient centrées sur l’accompagnement civique de la jeunesse et le mot de “service national” recouvrait mal la nouveauté du propos que nous développions alors.

Lorsque le candidat Macron a intégré à son programme cette proposition, lui et ses équipes ont aussi dû batailler pour expliquer qu’il ne s’agissait pas d’envoyer des cohorte de jeunes crapahuter en treillis, mais bien d’imaginer une autre forme de service à la nation.

C’est la raison pour laquelle, j’avoue aujourd’hui que que j’aurais préféré que cette réflexion n’incombe pas à la commission de la défense de l’Assemblée nationale…