J’ai décidé de voter contre la proposition de résolution visant à lutter contre l’antisémitisme et qui propose de retenir la définition de l’antisémitisme utilisée par l’alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste.

J’ai toujours considéré que le parlement devait avant tout être un législateur, un producteur de règles, ainsi que l’organe de contrôle du gouvernement. J’estime que la possibilité qui nous est faite d’adopter des résolutions, de vœux, doit être utilisée avec la plus grande parcimonie et seulement dans les cas où l’union nationale peut se manifester par un vote quasi unanime de sa représentation. Je me méfie en effet de l’utilisation partisan ou “publicitaire” de vote de résolutions qui n’ont aucune portée normative.

Elus de la Nation, il nous revient de ne pas diviser inutilement le pays qui souffre aujourd’hui déjà de nombreuses fractures.

La lutte contre l’antisémitisme et contre tous les racismes doit être une priorité absolue pour la République, et je ne devrais même pas être obligé de rappeler cette évidence pour expliquer mon vote.

Mais l’essence même de cette proposition de résolution qui vise justement à identifier et à mettre en lumière un racisme parmi d’autres conduit immanquablement ses détracteurs à devoir ainsi se justifier : Un comble !

Cette résolution est inutile, notre droit positif et notre jurisprudence sont suffisamment riches pour permettre d’identifier et condamner tout acte ou expression antisémite.

Cette résolution est inopérante, la définition proposée par l’alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste faisant référence à une “certaine perception des juifs » est particulièrement floue et malvenue, elle ne règle en rien la problématique de l’antisémitisme avançant caché sous l’antisionisme.

Cette résolution est enfin toxique car elle signe la fin de l’universalisme de la lutte contre tous les racismes qui est l’âme de notre République.

Cette résolution risque  en effet d’ouvrir le droit à chaque catégorie de victimes ou d’opprimés de revendiquer demain la reconnaissance par la représentation nationale de la singularité de leurs souffrances.

C’est parce que je ne reconnais qu’une communauté, la communauté nationale, que je ne peux me résoudre à voter une telle résolution.

J’aurais pu, comme certains de mes collègues pourront le faire, m’abstenir ou être absent lors du vote. Je préfère affirmer par mon vote contre mon attachement au message universaliste de notre République.