Bachar el-Assad avait à l’origine un faible intérêt pour la politique. Hafez el-Assad avait préparé son fils aîné, Bassel à prendre sa succession à la tête du régime. À sa mort dans un accident de voiture en 1994, Hafez el-Assad fait alors appel à son fils cadet. À la mort du Président Hafez el-Assad, Bachar el-Assad est promu deux jours plus tard Général en chef des forces armées syriennes par le Vice-président Khaddam. Le parlement le propose comme Président de la République le 25 juin 2000. De confession alaouite, une branche du chiisme, il est le Secrétaire régional du parti Baas et le Président de la République arabe syrienne.
Il promet de mettre en œuvre des réformes économiques et politiques en Syrie, et est élu Président de la République par un référendum qui s’est tenu le 10 juillet 2000, le peuple syrien voyant en lui un réformateur qui démocratiserait le pays. Partisan du projet de Nicolas Sarkozy pour instituer une Union pour la Méditerranée, Bachar el-Assad est devenu un partenaire indispensable à la réussite du projet. Il participe au sommet des 13-14 juillet 2008 à Paris et est invité au défilé militaire du 14 juillet aux côtés des autres chefs d’États signataires de l’accord. Sa présence à la tribune officielle a provoqué une controverse.
À partir de mars 2011, le régime baassiste doit faire face à une vague de contestation populaire sociale et politique sans précédent. Elle s’inscrit dans le contexte de protestation dans certains pays arabes baptisé « Printemps arabe ». Comme en Tunisie ou encore en Egipte, les manifestants demandent le départ de leur dirigeant. À partir du vendredi 18 mars 2011, des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont lieu à Damas, Homs, Banias et surtout à Deraa. Plusieurs bâtiments symboliques du pouvoir (siège du Parti Baas, tribunaux) sont notamment incendiés. Bachar el-Assad et ses collaborateurs ordonnent la répression de ces manifestations, faisant des centaines de morts et des milliers de blessés, aussi bien militaires que civils (insurgés ou non). Des dizaines d’opposants, armés ou non, sont arrêtés. À partir du 25 mars, malgré la répression et des concessions du Gouvernement, le mouvement s’étend aux principales villes du pays. Des manifestations de soutien au Gouvernement sont également organisées en réponse.
Le mouvement évolue vers une révolution armée. Les déserteurs de l’armée rejoignent l’armée syrienne libre. Des armes lourdes sont utilisées, et des hélicoptères et des avions bombardent les villes. En juillet 2012, le comité international de la Croix Rouge et le Croissant Rouge ont officiellement déclaré la Syrie en état de guerre civile. En novembre 2012, le bilan provisoire est estimé à 40 000 morts par l’opposition. Bachar el-Assad conteste cet état de guerre civile et se décrit en défenseur d’une nation stable et laïque, face à une vague de terrorisme soutenue financièrement, militairement et humainement par des puissances étrangères. L’opposition et des pays occidentaux accusent le régime syrien d’avoir tué des centaines de personnes le 21 août 2013 à Moadamiyat al-Cham et dans la Ghouta orientale, deux régions contrôlées par les rebelles à l’ouest et à l’est de Damas, en ayant recours à des gaz toxiques. Depuis l’intronisation du jeune chef de l’Etat syrien, la majorité des Présidents alors en place dans les démocraties ont cédé leur siège. Bachar el Assad, lui, a été « réélu », et il compte bien, au cours de l’année 2014 et tous les sept ans ensuite, se présenter à nouveau au référendum populaire censé traduire l’adhésion de la population à sa personne. Mais, à force de « résister et de défier », à force de refuser le dialogue et les concessions, pour lui synonymes de renoncement à son pouvoir et à son autorité, il règne désormais sur un pays en ruine. Il a provoqué directement ou indirectement la mort de plus de 100 000 Syriens et Syriennes. Il a poussé à la fuite et à l’exil plusieurs centaines de milliers de ses compatriotes. Les infrastructures économiques de la Syrie ont été détruites. Ses systèmes de santé et d’éducation sont entièrement à refaire. Mais, surtout, son attachement criminel à un pouvoir qu’il ne comprend et qu’il ne veut qu’absolu, est en voie d’aboutir au drame majeur du conflit en cours : l’émiettement de sa population et l’hostilité mutuelle de ses différentes composantes. La situation en Syrie s’est aggravée suite à une annonce, faite le 21 août par certains médias, de l’emploi d’armes chimiques par les troupes gouvernementales syriennes près de Damas.
Samedi 31 août, le Président américain Barack Obama a demandé au Congrès de donner le feu vert à une opération militaire contre le régime de Bachar el-Assad en réponse à l’attaque chimique du 21 août. D’après un rapport du renseignement US, l’attaque a fait au moins 1.429 morts, dont 426 enfants. Les autorités syriennes affirment pour leur part n’avoir jamais utilisé de gaz de combat contre les civils. Il faut riposter sévèrement à l’attaque chimique en Syrie pour dissuader d’autres dictateurs, a déclaré lundi à Bruxelles, le Secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen. La prochaine rencontre des pays dits « Amis de la Syrie » soutenant l’opposition syrienne se tiendra le 8 septembre à Rome au niveau des Ministres des Affaires étrangères, ont rapporté lundi les médias internationaux. La rencontre mettra en présence les Ministres de onze pays dont les Etats-Unis, la France, le Qatar et l’Arabie saoudite.
Le sommet du G20 de Saint-Pétersbourg portera sur les questions économiques, y compris sur les objectifs de développement du millénaire et le développement durable. Mais je profiterai de cette occasion pour inviter les chefs d’Etat à régler cette tragédie et à régler la question des 2 millions de réfugiés et personnes déplacées », a indiqué M.Ban lors d’une conférence de presse consacrée à la situation en Syrie. 44 pays soutiennent la position des Etats-Unis sur la nécessité de riposter face à l’emploi d’armes chimiques en Syrie, a déclaré mardi soir à Washington le Secrétaire d’Etat américain John Kerry. La Russie pourrait accepter une opération militaire en Syrie si la responsabilité de Damas dans l’emploi d’armes chimiques est prouvée, a déclaré mercredi le Président russe Vladimir Poutine. Le Président américain Barack Obama a lancé une intense campagne de lobbying pour tenter de convaincre les élus sceptiques du Congrès de voter en faveur des frappes contre la Syrie, tandis que le Président Syrien Bachar el-Assad continuait à défier les Etats-Unis.
François Hollande, qui se montrait déterminé à frapper sans délai la Syrie, se retrouve contraint d’attendre le bon vouloir de l’allié américain et confronté à la multiplication des appels, jusqu’au sein de sa majorité, à un vote du Parlement, comme aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. En France et ailleurs, certains plaident depuis des mois pour la non-intervention et la préservation du statu quo. Ils ont tour à tour évoqué l’illégitimité d’une intervention, la laïcité du régime syrien, la sécurité qu’il apporterait aux minorités, la coopération contre les « terroristes islamistes » qu’il continue d’entretenir avec les Etats qu’il défie et auxquels il prétend résister, sa capacité de déstabilisation des Etats du Proche-Orient. Mais, en ignorant les aspirations à la liberté des Syriens, en réduisant la contestation à une conspiration menée par les Frères Musulmans, en repoussant continuellement les échéances, ils ont aussi contribué – et ils contribuent malheureusement encore – aux difficultés de toutes natures dans lesquelles se débattent aujourd’hui les Syriens.
Les Syriens n’attendent plus de nous que nous « tirions l’oreille » de Bachar el Assad. Ils ont besoin, pour sortir de la tragédie à laquelle ils sont confrontés que nous donnions un coup d’arrêt sans appel aux menées meurtrières du dictateur El Assad. Pour la France au moins, il ne s’agit pas aujourd’hui de supprimer Bachar el Assad. Il s’agit de faire comprendre au Président héritier et à son entourage qu’il sera désormais pour eux suicidaire de reproduire ce qu’ils ont déjà fait à des dizaines de reprises. Seule une frappe cumulant ces différents éléments sera utile. Elle démontrera enfin à Bachar el Assad, qui ne comprend que la force, qu’il est temps pour lui d’envisager ce qu’il refuse depuis mars 2011. Il doit admettre que les Syriens en quête de liberté sont des citoyens et non pas des sujets. Il doit reconnaître la légitimité de leurs revendications. Il doit engager avec eux les négociations sérieuses qui conduiront, non pas à la perte immédiate de son autorité, mais au transfert progressif du pouvoir des mains de ceux qui s’en sont jadis emparé aux mains de ceux auxquels les Syriens décideront de le confier.