Un journaliste me demandait ce matin « et après? » Et après cette semaine bouleversante et la réponse massive que la rue a adressée aux assassins ?

Au-delà de la sécurité due à tous nos concitoyens, indispensable, qui impose une coopération internationale renforcée tout autant que la vigilance de tous, ma conviction – elle n’est pas nouvelle – c’est que nous sommes plus que jamais face à un enjeu culturel et que les moyens de l’emporter se trouvent principalement dans l’éducation.

Le développement culturel de la personne humaine, comme d’un peuple, est d’abord ce qui lui permet de se former son propre jugement, ses propres idées, et d’aimer le débat, la confrontation et donc le respect des avis et des convictions de l’autre. Le développement culturel nécessite l’acquisition de la connaissance, par l’éducation bien sûr mais aussi – tout autant – par l’expérience. L’expérience des autres, l’expérience des choses, de la nature, des institutions de la vie collective… L’expérience, avec la connaissance, permettent la formation d’un jugement éclairé.

Paradoxe des mots : l’école doit être « sanctuarisée », inspirer le respect et l’autorité de la nation sur les enfants qui doivent la lui reconnaître.

Pour autant, la seule réponse de l’école n’est plus suffisante aujourd’hui. Il faut donc agrandir, accroître la surface du terrain de la lutte ! Les 32 heures hebdomadaires d’enseignement, 36 semaines par an, jusqu’à 16 ans n’y suffisent plus. Le renforcement des moyens de l’éducation nationale, déjà engagé, doit se poursuivre et s’amplifier, mais profitons du temps nouveau offert par les activités périscolaires pour développer des activités de découvertes et de pratiques – notamment du civisme et des institutions – utiles pour les enfants.

L’école ne peut pas tout faire. Qu’elle apprenne à bien savoir lire, compter, écrire, en particulier. Aux collectivités locales de prendre le relais pour l’acquisition de savoirs par l’expérience, l’expérience du sport collectif, l’expérience de l’émotion artistique, l’expérience de la vie en collectivité. Pendant le temps périscolaire qui ne doit pas être qu’une banale garderie, mais aussi pendant le temps de vacances. Hé oui, je suis irrémédiablement convaincu de vertus éducatives, pour l’apprentissage de la vie en société et du respect de l’autre, des bonnes vielles colos ! Elles sont de plus en plus désaffectées pour cause de coûts, de réglementations ardues, de droit de travail inadapté. Esprit de simplification, où es-tu ?

Tout ne se passe pas enfin pendant le temps de l’enfance ; je plaide pour la création d’un service civique obligatoire, d’une durée de 6 mois, à effectuer entre 16 et 25 ans (sous réserve de ne pas compromettre des études en cours) et à réaliser dans un service public ou auprès d’une association d’intérêt général. Cette disposition a deux objectifs : permettre à tous les jeunes français de concourir, concrètement, pendant une période significative, à l’intérêt général, et faire en sorte que chacune et chacun de nos jeunes compatriotes acquièrent une connaissance pratique de nos institutions et des valeurs qui les fondent : la laïcité bien sûr, mais de façon plus approfondie tout ce qui est constitutif de nos règles de vie qui nous permettent de vivre ensemble, tous différents et pour autant tous égaux.

L’apprentissage livresque de nos institutions et de la République a des vertus ; il n’en aura jamais autant que la possibilité que nous pourrions offrir, à tous nos jeunes concitoyens, d’en apprécier la pratique et d’en mesurer concrètement l’intérêt en exprimant une qualité propre à toute la jeunesse : sa générosité.